loge fidélité et prudence

créée en 1871 à genève, no 16

histoire de la Loge Fidélité et Prudence

Début de la Franc-Maçonnerie à Genève

En 1736, Georges Hamilton, un Anglais en séjour à Genève, fonda avec quelques compatriotes la première loge, soit la Société des maçons libres du parfait contentement, à laquelle adhérèrent plusieurs genevois de marque.

Hamilton était fils d'un gentilhomme écossais admis gratuitement à la bourgeoisie; il était entré par son mariage dans une des plus anciennes familles de la république en épousant Marguerite Vasserot, fille de Noble Jean Vasserot, seigneur de Dardagny, Châteauvieux, Confignon et autres lieux, coseigneur de Russin.

La loge fondée par lui reçut la patente de constitution de la grand loge de Londres qui, en 1737, le désigna comme son délégué auprès de la maçonnerie genevoise.

Les réunions maçonniques s'étaient si rapidement multipliées que le Consistoire s'en émut ; il intervint auprès du Conseil pour obtenir la suppression des loges. Cette démarche ne pouvait qu'être couronnée de succès. Hamilton, mandé par le syndic Bonnet, reçut le 2 avril 1736 " défense de recevoir aucune personne de cette ville, soit citoyens, bourgeois, natifs ou habitants, même des étrangers mineurs à moins qu'ils n'aient le consentement de leur gouvernement ".

La maçonnerie inquiétait le Conseil ; cette même année 1737, à la date du 3 août, on lit dans les registres : " M le Syndic de la garde a rapporté qu'il a eu avis que jeudi dernier, on tint une loge de Maçons libres chez Grenier à la rue des Belles-Filles, à qui on a permis de tenir un billard ; qu'il y a des gens de la ville qui en étaient, et qu'ils se promenaient  dans les rues avec leurs tabliers ; on a résolut de faire appeler Grenier pour savoir de lui s'il y avait des gens de la ville et qui c'était ".

Mais les Anglais étaient hôte d'importance et fort considérés, aussi l'affaire n'eut elle pas de suite et Grenier continua sans autre à tenir son billard et à donner abri aux francs-maçons.

On ne cessa cependant pas de prêter attention à la question mais d'une façon discrète et quelque peu, sans se faire beaucoup d'illusions sur la portée de l'intervention officielle. C'est ainsi que le mardi 18 février 1744, " M Rilliet a rapporté que la Société de franc-maçons devient nombreuse en cette ville, et qu'il y a trois Loges ; sur quoi, ayant vu le registre de ce qui s'était passé en 1737, l'avis a été que, sans rien dire à l'égard des étrangers, il y avait lieu d'interdire à nos concitoyens , bourgeois, natifs et habitants de tenir aucune loge, ni d'assister à aucune réunion, par qui qu'elle soit tenue, et de défendre à tous les particuliers de louer un appartement pour cet usage ".

Mais l'impulsion était donnée, les nouveaux adeptes venaient en foule aux maçons qui ne craignaient pas d'étaler leur prospérité dans une assemblée solennelle qui se tint le 17 juin 1744 aux Pâquis, dans le jardin des marchands toiliers, sous la présidence de lord Malpas alors en séjour à Genève.  Une barque brillamment décorée de drapeaux de la ville et de l'Angleterre conduisit les Maçons au lieu de la réunion, pour leur faire ensuite faire une promenade sur le lac, au son de la musique et au bruit des détonations des fauconneaux.

Le retentissement fut considérable ; sous la pression du Consistoire, le Conseil prit l'affaire en mains, et après de nombreuses délibérations, il décida le 15 août que " bien qu'il y ait apparence et qu'il ne se traite rien dans cette société de contraire à la religion et au bien de l'Etat, il est toujours dangereux de souffrir que de telles sociétés s'introduisent, surtout dans un petit état comme le nôtre ; que la promesse du secret qui se fait par les membres de la société est directement opposée aux principes d'un bon gouvernement où tout ce qui se passe dans l'Etat doit parvenir à la connaissance du magistrat.", il fallait renouveler purement et simplement l'interdiction déjà prononcée contre les loges qui ne s'en portaient pas plus mal, puisque leur nombre était monté à six et ne fit que s'accroître . On trouve même, en 1745, une loge de dames, La Parfaite Félicité, que par un sursaut d'énergie, le Conseil réussit à faire disparaître la même année.

La Franc-maçonnerie supportait allègrement les tracasseries gouvernementales, les réunions étaient moins nombreuse, on s'y rendait moins ouvertement, c'était tout.

La formation d'un gouvernement central réunissant les loges de Genève donna aux maçons une force considérable. En 1769 fut fondée la Grand Loge nationale de Genève, groupant sous sa direction les dix loges existantes, qui devint en 1786 le Grand Orient de Genève auquel s'affilièrent plusieurs loges savoyardes.

Les loges sont nombreuses, quelques unes purement savoyardes , comme, La Triple Unité à l'Orient d'Annecy qui compte dans son sein surtout des officiers appartenant à la noblesse du pays , où Les Coeurs Unis du Mont-Blanc à l'Orient de Bonneville, dont font partie le vice intendant du Faucigny, des avocats au Sénat de Savoie, des notaires royaux, des conseillers de la ville ; d'autres sont, chose curieuse, purement militaire comme La Parfaite Harmonie  à l'Orient des dragons de la reine ou La Silencieuse à l'Orient du régiment de la reine-infanterie.

Quant aux loges genevoises, on rencontre  : L'Union des Coeurs, La Nouvelle Parfaite Égalité, La Triple Union des Quatre Nations et la grande loge de L'Union, la plus importante, dont le vénérable est J.-R.-S. Vernet et qui comptait parmi ses membres Isaac Bourdillon, A. Veyrassat, J.-D. Rilliet, A. Lombard, Jean-Samuel Fazi, Fr. Fatio, J.-L. Cramer, Ami Rigot, J.-J.-P. Lullin et le chevalier savoyard Eugène de Foncet , baron de Montailleur. On relève aussi les Frères suivant le baron Henri de Viry, de la Perrière, Jean-Marc-Jules Pictet et de Jean-Pierre Galiffe.

Le temps marcha. Vint 1796 ; les loges conquirent alors leur droit à l'existence.

Source:

  • Extrait d'un article de H. Friderich paru dans l'Almanach du Vieux Genève, 1932