origines de la franc maçonnerie

04 Le Regius (1390)

Poème maçonnique de la fin du XIVe. s. (794 vers).

Ce fut J. Haliwell qui, en 1840 seulement, découvrit son véritable caractère et en fit le commentaire. Il a été depuis lors publié et analysé à plusieurs reprises grâce à la loge Quator Coronati n° 2076. L'auteur est un clerc demeuré inconnu. Cet inestimable manuscrit se trouve au British Muséum.

 

Un poème de Devoirs Moraux

Ici commencent les statuts de l’art

De Géométrie selon Euclide.



Quiconque voudra bien lire et chercher

Pourra trouver écrite dans un vieux livre

L’histoire de grands seigneurs et grandes dames

Qui, certes, avaient beaucoup d’enfants

Et n’avaient pas de revenus pour en prendre soin

Ni en ville, ni à la campagne ou dans les bois

Tinrent ensemble conseil pour eux,



De décider pour le bien de ces enfants

Comment ils pourraient mieux mener leur vie

Sans grand inconfort, ni souci ni lutte

Et encore pour la multitude qui viendra



De leurs enfants ils envoyèrent chercher de grands clercs

Pour leur enseigner alors de bons métiers



Et nous les prions, pour l’amour de notre Seigneur

Pour nos enfants de trouver un travail

Pour qu’ils puisent ainsi gagner leur vie

Tant bien qu’honnêtement en toute sécurité

En ce temps-là, par la bonne géométrie

Cet honnête métier qu’est la bonne maçonnerie

Fut constitué et crée ainsi

Conçu par ces clercs ensemble

Sur la prière de ces seigneurs ils inventèrent

la géométrie

Et lui donnèrent le nom de maçonnerie

A ce plus honnête de tous les métiers

Les enfants de ces seigneurs se mirent

A apprendre de lui le métier de géométrie

Ce qu’il fit très soigneusement



A la prière des pères et des mères aussi

Il les mit à cet honnête métier

Celui qui apprenait le mieux, et était honnête

Et surpassait ses compagnons en attention

Si dans ce métier il les dépassait

Il devait être plus honoré que le dernier

Le nom de ce grand clerc était Euclide

Son nom se répandait fort loin

Pourtant ce grand clerc ordonna

A celui qui était plus élevé dans ce degré

Qu’il devait enseigner les plus simples d’esprit

Pour être parfait en cet honnête métier

Et ainsi ils doivent s’instruire l’un l’autre,

Et s’aimer ensemble comme sœur et frère



Il ordonna encore que

Maître doit il être appelé

Afin qu’il soit le plus honoré

Alors il devait être nommé ainsi

Mais jamais maçons ne doivent appeler un autre

Au sein du métier parmi eux tous

Ni sujet ni serviteur, mon cher frère

Même s’il est moins parfait qu’un autre

Chacun appellera les autres compagnons par amitié

Car ils sont nés de nobles dames



De cette manière, par la bonne science de géométrie

Commença le métier de la maçonnerie

Le clerc Euclide le fonda ainsi,

Ce métier de géométrie au pays d’Egypte

En Egypte il l’enseigna tout autour

?Dans diverses pays de tous côtés

Pendant de nombreuses années, je croix

Avant que ce métier arrive dans ce pays



Ce métier arriva en Angleterre, comme je vous dis

Au temps du bon Roi Athelstane

Il fit construire alors tant manoir que même bosquet

Et de hauts temples de grand renom

Pour s’y divertir le jour comme la nuit

Ce bon seigneur aimait beaucoup ce métier

Et voulut le consolider de toutes ses parties

A cause de divers défauts qu’il trouva dans le métier



Il envoya à travers le pays

Dire à tous les maçons du métier

De venir vers lui sans délai

Pour amender ces défauts tous

Par bon conseil, autant que possible

Une assemblée alors il réunit

De divers seigneurs en leur rang

Des ducs, comtes, et barons aussi

Des chevaliers, écuyers et maintes autres

Et les grands bourgeois de cette cité

Ils étaient tous là chacun à son rang

Ils étaient là tous ensemble

Pour établir le statut de ces maçons

Ils y cherchaient de tout leur esprit

Comment ils pourraient le gouverner



Quinze articles ils voulaient produire

Et quinze points ils y ont crées



Ici commence l’article premier

Le premier article de cette géométrie

Le maître maçon doit être digne de confiance

A la fois constant, loyal et vrai, Il ne l’aura alors jamais à regretter

Tu dois payer tes compagnons selon le cours

Des victuailles, tu le sais bien

Et paie les justement, et de bonne foi,

Ce qu’ils peuvent mériter

Et évites soit par amour soit par crainte

D’aucune des parties d’accepter des avantages

Du seigneur ni du compagnon, qui que ce soit

D’eux tu ne prends aucune sorte de paiement

Et en juge tiens toi intègre

Et alors aux deux tu rendra leur bon droit

Et véritablement fais ceci où que tu ailles

Ton honneur, ton profit, sera le meilleur



Article second

Le second article de bonne maçonnerie

Comme vous devez ici l’entendre particulièrement

Que tout maître, qui est maçon

Doit assister au rassemblement général

Pour que précisément il lui soit dit

Le lieu où l’assemblée se tiendra

Et à cette assemblée il doit se rendre

Sauf s’il a une excuse raisonnable

Ou qu’il soit désobéissant à ce métier

Ou s’abandonne au mensonge

Ou qu’il soit atteint d’une maladie si grave

Qu’il ne puisse venir parmi eux

Cela est une excuse bonne et valable

Pour cette assemblée, si elle est sincère



Article troisième.

Le troisième article est en vérité

Que le maître ne prenne aucun ’prentis

Sauf s’il peut lui assurer de le loger

sept ans chez lui, comme je vous dis,

Pour apprendre son métier, qui soit profitable

En moins de temps il ne sera pas apte

Au profit du seigneur, ni le sien

Comme vous pouvez le comprendre par bonne raison



Article quatrième

Le quatrième article ceci doit être

Que le maître doit bien veiller

A ne pas prendre un serf comme ’prentis

Ni l’embaucher pour son propre profit

Car le seigneur auquel il est lié

Peut chercher le ’prentis où qu’il aille

Si dans la loge il était pris

Cela pourrait y faire beaucoup de désordre

Et un pareil cas pourrait arriver

Que cela pourrait chagriner certains, ou tous.

Car tous les maçons qui y seront

Se ensemble se tiendront réunis

Si un tel dans le métier demeurait

De diverses désordres vous pourrez parler

Alors pour plus de paix, et honnêteté

Prenez un ’prentis de meilleure condition

Dans d’ancien écriture je trouve

Que le ’prentis doit être de naissance noble

Et ainsi parfois, des fils de grands seigneurs

Ont adopté cette géométrie qui est très bonne.



Article cinquième.

Le cinquième article est très bon

Que le ’prentis soit de naissance légitime

Le maître ne doit, sous aucun prétexte

Prendre un ’prentis qui soit difforme

Cela signifie, comme vous le verrez

Qu’il ait tous ses membres entiers ensemble

Pour le métier cela serait grande honte

De former un homme estropié ou un boiteux

Car un homme imparfait de telle naissance

Ne serait que peu utile au métier

Ainsi chacun de vous peut comprendre

Le métier veut un homme puissant

Un homme mutilé n’a pas de force,

Vous devez le savoir depuis longtemps



Article sixième.

Le sixième article vous ne devez pas manquer

Que le maître ne doit pas porter préjudice au seigneur

En prenant au seigneur pour son ’prentis

Autant que reçoivent ses compagnons, en tout

Car dans ce métier ils se sont perfectionnés

Ce que lui n’est pas, vous devez le comprendre

Ainsi il serait contraire à bonne raison

De prendre pour lui égal salaire à celui des compagnons

Ce même article dans ce cas

Ordonne que son ’prentis gagne moins

Que ses compagnons, qui sont parfaits.

Sur divers points, sachez en revanche

Que le maître peut instruire son ’prentis tel,

Que son salaire puisse augmenter rapidement

Et avant que son apprentissage soit terminé

Son salaire pourrait s’améliorer de beaucoup



Article septième.

Le septième article que maintenant voici

Vous dira pleinement à tous ensemble

Qu’aucun maître ni par faveur ni par crainte

Ne doit vêtir ni nourrir aucun voleur

Des voleurs il n’en hébergera jamais aucun

Ni celui qui a tué un homme

Ni celui qui a mauvaise réputation

De crainte que cela fasse honte au métier



Article huitième

Le huitième article vous montre ainsi

Ce que le maître a bien le droit de faire.

S’il emploie un homme du métier

Et qu’il ne soit pas aussi parfait qu’il devrait

Il peut le remplacer sans délai

Et prendre à sa place un homme plus parfait.

Un tel homme, par imprudence

Pourrait faire déshonneur au métier



Article neuvième

Le neuvième article montre fort bien

Que le maître doit être sage et fort

Qu’il n’entreprenne aucun ouvrage

Qu’il ne puisse achever et réaliser

Et que ce soit aussi au profit des seigneurs

Ainsi qu’à son métier, où qu’il aille

Et que les fondations soient bien construites

Pour qu’il y ait ni fêlure ni brèche



Article dixième

Le dixième article sert à savoir

Parmi tous dans le métier, grands ou modestes

Qu’aucun maître ne doit supplanter un autre

Mais être ensemble comme sœur et frère

Dans ce singulier métier, tous quels qu’ils soient

Qui travaillent sous un maître maçon

Ni doit il supplanter aucun homme

Qui s’est chargé d’un travail

La peine pour cela est tellement forte

Qu’elle ne pèse pas moins de dix livres

A moins qu’il soit prouvé coupable

Celui qui avait d’abord pris le travail en main

Car nul homme en maçonnerie

Ne doit supplanter un autre impunément

Sauf s’il a construit de telle façon

Que cela réduit l’ouvrage à néant

Alors un maçon peut solliciter ce travail,

Pour le sauver au profit des seigneurs

Dans un tel cas, si cela arrivait

Aucun maçon ne s’y opposera

En vérité celui qui a commencé les fondations

S’il est un maçon habile et solide

A fermement dans l’esprit

De mener l’œuvre à entière bonne fin



Article onzième

L’onzième article je te le dis, est à la fois juste et franc

Car il enseigne, avec force

Qu’aucun maçon ne doit travailler de nuit

A moins de s’exercer à l’étude

Par laquelle il pourra s’améliorer



Article douzième

Le douzième article est de grande honnêteté

Pour tout maçon, où qu’il se trouve

Il ne doit pas déprécier le travail de ses compagnons

S’il veut sauvegarder son honneur

Avec des paroles honnêtes il l’approuvera

Grâce à l’esprit que Dieux t’a donné

Mais en l’améliorant de tout ton pouvoir

Entre vous deux sans hésitation



Article treizième.

Le treizième article, que Dieu me garde

C’est, que si le maître a un ’prentis

Il l’enseignera de manière complète

Et qu’il puisse apprendre autant de points

Pour qu’il connaisse bien le métier

Où qu’il aille sous le soleil



Article quatorzième

Le quatorzième article par bonne raison

Montre au maître comment agir

Il ne doit prendre ’prentis

A moins d’avoir diverses tâches à faire

Pour qu’il puisse pendant son stage

Apprendre de lui diverses points



Article quinzième.

Le quinzième article est le dernier

Car pour le maître il est un ami

Pour lui enseigner qu’envers aucun homme

Il ne doit adopter un comportement faux

Ni suivre ses compagnons dans leur erreur

Quelque bien qu’il puisse y gagner

Ni souffrir qu’ils fassent de faux serments

Par souci de leurs âmes

Sous peine d’attirer sur le métier la honte

Et sur lui-même un blâme sévère



Manuscrit Regius



Divers statuts.

Dans cette assemblée des points furent adoptés en plus

Par de grands seigneurs et maîtres aussi

Que celui qui voudrait connaître ce métier? et l’embrasser

Doit bien aimer Dieu et la sainte église toujours

Et son maître aussi avec qui il est

Où qu’il aille par champs ou par bois

Et aimes aussi tes compagnons

Car c’est ce que ton métier veut que tu fasses



Second point.

Le second point je vous le dis

Que le maçon travaille le jour ouvrables

Aussi consciencieusement qu’il le pourra

Afin de mériter son salaire pour le jour de repos

Car celui qui a vraiment fait son travail

Méritera bien d’avoir sa récompense



Troisième point

Le troisième point doit être sévère

Avec le ’prentis, sachez le bien

Le conseil de son maître il doit garder et cacher

Et de ses compagnons de bon gré

Des secrets de la chambre il ne parlera a nul homme

Ni de la loge quoi qu’ils y fassent

Quoi que tu entendes ou les vois faire

Ne le dis à personne où que tu ailles

Les propos dans la salle, et même au bosquet,

Gardes les bien pour ton grand honneur

Sans quoi cela tournera pour toi au blâme

Et apportera au métier grande honte



Quatrième point.

Le quatrième point nous enseigne aussi

Que nul homme à son métier sera infidèle

Aucune erreur il n’entretiendra

Contre le métier, mais y renoncera

Ni aucun préjudice il causera?A son maître, ni a son compagnon

Et bien que le ’prentis soit tenu au respect

Il est toutefois soumis à la même loi



Cinquième point

Le cinquième point est sans nul doute

Que lorsque le maçon prendra sa paie

Du maître, qui lui est attribué

Humblement acceptée elle doit être

Cependant il est juste que le maître

L’avertisse dans les formes avant midi

S’il n’a plus l’intention de l’employer

Comme il le faisait auparavant

Contre cet ordre il ne peut se débattre

S’il réfléchit bien c’est dans son intérêt



Sixième point.

Le sixième point doit être bien connu

De tous grands et modestes

Car un tel cas pourrait arriver

Qu’entre quelques maçons, sinon tous

Par envie ou haine mortelle

S’éclate une grande dispute

Alors le maçon doit, s’il le peut

Convoquer les deux parties un jour fixé

Mais ce jour-là ils ne feront pas la paix

Avant que la journée de travail soit bien finie

Un jour de congé vous devez bien pouvoir trouver

Assez de loisir pour placer la réconciliation

De peur qu’en la plaçant un jour ouvré

La dispute ne les empêche de travailler

Faites en sorte qu’ils en finissent.

De manière à ce qu’ils demeurent bien dans la loi de Dieu



Septième point.

Le septième point pourrait bien dire

Comment bien longue vie Dieu nous donne

Ainsi il le reconnaît bien clairement

Tu ne coucheras pas avec la femme de ton maître

Ni de ton compagnon, en aucune manière

Sous peine d’encourir le mépris du métier

Ni avec la concubine de ton compagnon

Pas plus que tu ne voudrais qu’il couche avec la tienne

La peine pour cela qu’on le sache bien

Est qu’il reste ’prentis sept années pleines

Celui qui manque à une de ces prescriptions, alors il doit être châtié

Car un grand souci pourrait naître

D’un aussi odieux péché mortel



Huitième point

Le huitième point est, assurément

Si tu as reçu quelque charge

A ton maître reste fidèlement soumis

Car ce point jamais tu ne le regretteras

Un fidèle médiateur tu dois être

Entre ton maître et tes compagnons libres

Fais loyalement tout ce que tu peux

Envers les deux parties, et cela est bonne justice



Neuvième point.

Le neuvième point s’adresse à celui

Qui est l’intendant de notre salle

Si vous vous trouvez en chambre ensemble

Servez vous l’un l’autre avec calme gaieté

Gentils compagnons, vous devez le savoir

Vous devez être intendant chacun à votre tour

Semaine après semaine sans aucun doute

Tous doivent être intendant à leur tour

Pour servir les uns et les autres aimablement

Comme s’ils étaient sœur et frère

Nul ne se permettra aux frais d’un autre

De se libérer pour son avantage,

Mais chaque homme aura la même liberté

Dans cette charge, comme il se doit

Veille à bien payer tout homme toujours

A qui tu as acheté des victuailles

Afin qu’on ne te fasse aucune réclamation

Ni à tes compagnons à aucun titre

A tout homme ou femme, qui que ce soit

Paies les bien et honnêtement, nous le voulons

A ton compagnon tu en rendras compte exacte

De ce bon paiement que tu as fait

De peur de le mettre dans l’embarras

Et de l’exposer à un grand blâme

Toutefois bon comptes il doit tenir

De tous les biens qu’il aura acquis

Des dépenses que tu auras fait sur le bien de tes compagnons

Du lieu, des circonstances et de l’usage

De tels comptes tu dois rendre

Lorsque tes compagnons te les demandent.



Dixième point.

Le dixième point montre la bien bonne vie

Comment vivre sans souci ni dispute

Si le maçon mène une vie mauvaise

Et dans son travail il est malhonnête

Et se cherche une mauvaise excuse

Il pourra diffamer ses compagnons injustement

Par de telles calomnies infâmes

Attirer le blâme sur le métier

S’il déshonore ainsi le métier

Vous ne devez alors lui faire aucune faveur

Ni le maintenir dans sa mauvaise vie

De peur que cela ne tourne en tracas et conflit

Mais ne lui laissez aucun sursis

Jusqu’à ce que vous l’ayez contraint

A comparaître où bon vous semble

Où vous voudrez, de gré ou de force

A la prochaine assemblée vous le convoquerez

A comparaître devant tous ses compagnons

Et s’il refuse de paraître devant eux

Il lui faudrait renoncer au métier

Il sera alors puni selon la loi

Qui fut établie dans les temps anciens



Onzième point.

Le onzième point est de bonne discrétion

Comme vous pouvez le comprendre par bonne raison

Un maçon qui connaît bien son métier

Qui voit son compagnon tailler une pierre

Et qu’il est sur le point d’abîmer cette pierre

Reprends-la aussitôt si tu le peux

Et montre-lui comment la corriger

Pour que l’œuvre du seigneur ne soit pas abîmé

Et montre-lui avec douceur comment la corriger

Avec de bonnes paroles, que Dieu te prête

Pour l’amour de celui que siège là-haut

Avec de douces paroles nourris son amitié



Douzième point.

Le douzième point est d’une grande autorité

Là où l’assemblée se teindra

Il y aura des maîtres et des compagnons aussi

Et d’autres grands seigneurs en grand nombre

Il y aura le shérif de cette contrée

Et aussi le maire de cette cité

Il y aura des chevaliers et des écuyers

Et aussi des échevins, comme vous le verrez

Toutes les ordonnances qu’ils prendront là

Ils s’accorderont pour les faire respecter

Contre tout homme, quel qu’il soit

Qui appartient au métier beau et libre

S’il fait quelque querelle contre eux

Il sera arrêté et tenu sous garde



Treizième point.

Le treizième point requiert toute notre volonté

Il jurera de ne jamais voler

Ni d’aider celui dans cette mauvaise profession

Pour aucune part de son butin

Et tu dois le savoir ou alors pécher

Ni pour son bien, ni pour sa famille



Quatorzième point.

Le quatorzième point est excellente loi

Pour celui qui sera sous la crainte

Un bon et vrai serment il doit prêter là

A son maître et ses compagnons qui sont là

Il doit être constant et fidèle aussi

A toutes ces ordonnances, où qu’il aille

Et a son seigneur lige le roi

De lui être fidèle par-dessus tout

Et tous ces points ci-dessus

A eux tu dois être assermenté

Et tous prêteront le même serment

Des maçons, de gré ou de force.

A tous ces points ci-dessus

Ainsi que l’a établie une excellente tradition

Et ils enquêteront sur chaque homme

S’il les met en pratique de son mieux

Si un homme est reconnu coupable

Sur l’un de ces points en particulier

Qu’on le recherche, quel qu’il soit

Et qu’il soit amené devant l’assemblée



Quinzième point.

Le quinzième point est excellente tradition

Pour ceux qui auront là prêté serment

Cette ordonnance qui fut arrêtée par l’assemblée

De grands seigneurs et maîtres dont on a parlé

Pour ceux qui soient désobéissants, je sais,

A la présente constitution

De ces articles qui y furent édictés

Par de grands seigneurs et maçons ensemble

Et si leurs fautes sont mises au jour

Devant cette assemblée, tantôt

Et s’ils ne veulent pas s’en corriger

Alors ils doivent abandonner le métier

Et jurer de ne plus jamais l’exercer

Sauf s’ils acceptent de s’amender

Ils n’auront plus jamais part au métier

Et s’ils refusaient de faire ainsi

Le shérif se saisira d’eux sans délai

Et les mettra dans un profond cachot

A cause de leur transgression

Il confisquera leurs biens et leur bétail

Au profit du roi, en totalité

Et les y laissera aussi longtemps

Qu’il plaira à notre lige le roi



L’art des couronnées



Prions maintenant Dieu tout-puissant

Et sa mère Marie radieuse

Afin que nous puissions garder ces articles

Et les points tous ensembles

Comme le firent ces quatre saints martyres

Qui dans ce métier furent tenus en grande honneur

Ils étaient aussi bons maçons qu’on puisse trouver sur la terre

Sculpteurs et imagiers ils étaient aussi

Car c’étaient des ouvriers d’élite

L’empereur les tenait en grande estime

Il désira qu’ils fassent une statue

Qu’on vénéra en son honneur

En son temps il possédait de tels monuments

Pour détourner le peuple de la loi du Christ



Mais eux demeuraient ferme dans loi du Christ

Et dans leur métier sans compromis

Ils aimaient bien Dieu et tout son enseignement

Et s’étaient voués à son service pour toujours

En ce temps là ils furent des hommes de vérité

Et vécurent droitement dans la loi de Dieu

Ils n’entendaient pas de fabriquer des idoles

Quelques bénéfices qu’ils puissent en retirer

Ni prendre cette idole pour leur Dieu

Ils refusèrent de la faire, malgré sa colère

Car ils ne voulaient pas renier leur vraie foi

Et croire à sa fausse loi

L’empereur les fit arrêter sans délai

Et les mit dans un profond cachot

Plus cruellement il les y punissait

Plus ils se réjouissaient dans la grâce de Dieu

Alors quand il vit qu’il ne pouvait rien

Il les laissait alors aller à la mort

Celui qui voudra, trouvera dans le livre

De la légende des saints

Les noms des quatre couronnés

Leur fête est bien connue, le huitième jour après la Toussaint



Ecoutez ce que j’ai lu

Que beaucoup d’années après, à grand effroi

Le déluge de Noé eut déferlé

La tour de Babel fut commencée

Le plus gros ouvrage de chaux et de pierre

Que jamais homme ait pu voir

Si long et si large on l’entreprit

Que sa hauteur jeta sept miles d’ombre

Le Roi Nabuchodonosor le fit construire

Aussi puissant pour la défense des hommes

Que si un tel déluge surviendrait

Il ne pourrait submerger l’ouvrage

Parce qu’ils avaient un orgueil si fier, avec grande vantardise

Tout ce travail fut ainsi perdu

Un ange les frappa en diversifiant leurs langues

Si bien qu’ils ne se comprenaient plus jamais

l’un l’autre


Bien des années plus tard, le bon clerc Euclide

Enseigna le métier de géométrie partout autour

Et il fit en ce temps-là aussi

Divers métiers en grand nombre

Par la haute grâce du Christ au ciel

Il fonda les sept sciences



Grammaire est la première, je le sais

Dialectique la seconde, je m’en félicite

Rhétorique la troisième sans conteste

Musique la quatrième, je vous le dis

Astronomie est la cinquième, par ma barbe

Arithmétique la sixième, sans aucun doute

Géométrie la septième, clôt la liste

Car elle est humble et courtoise



En vérité, la grammaire est la racine

Chacun l’apprend par le livre

Mais l’art dépasse ce niveau

Comme le fruit de l’arbre vaut plus que la racine

La Rhétorique mesure un langage soigné

Et la Musique est un chant suave

L’Astronomie dénombre, mon cher frère

L’Arithmétique montre qu’une chose est égale à une autre

La Géométrie est la septième science

Qui distingue le vrai du faux, je sais? que ce sont les sept sciences

Celui qui s’en sert bien peut gagner le ciel.



Maintenant mes chers enfants, ayez bon esprit

Pour laisser de côté orgueil et convoitise

Et appliquez vous à bien juger

Et à bien vous conduire, où que vous allez

Maintenant je vous prie d’être bien attentifs

Car ceci vous devez savoir

Mais vous devez en savoir bien plus encore

Que ce que vous trouvez écrit ici

Si l’intelligence te fait défaut pour cela

Prie Dieu de te l’envoyer

Car le Christ lui-même nous l’enseigne

Que la sainte église est la maison de Dieu

Elle n’est faite pour rien d’autre

Que pour y prier, comme nous le dit l’Ecriture

Là le peuple doit se rassembler

Pour prier et pour pleurer leurs péchés.



Veille à ne pas arriver à l’église en retard

Pour avoir tenu des propos paillards à la porte

Alors quand tu es en route vers l’église

Aie bien en tête à tout instant

De vénérer ton seigneur Dieu jour et nuit

De tout ton esprit et de toute ta force

En arrivant à la porte de l’église

Tu prendras un peu de cette eau bénite

Car chaque goutte que tu toucheras,

Effacera un péché véniel, sois-en sûr

Mais d’abord tu dois ôter ton capuchon

Pour l’amour de celui qui est mort sur la croix

Quand tu entreras dans l’église

Elève ton cœur vers le Christ, aussitôt

Lève alors les yeux vers la croix

Et agenouille toi bien à deux genoux

Puis prie-le alors de t’aider à œuvrer

Selon la loi de la sainte église

A garder les dix commandements

Que Dieu donna à tous les hommes



Et prie-le d’une voix douce

De te garder des sept péchés

Afin que tu puisses ici, dans cette vie

Te garder loin des soucis et des querelles

Et que de plus il t’accorde la grâce

Pour trouver une place dans la béatitude du ciel



Dans la sainte église abandonne les paroles frivoles

De langage lascive et plaisanteries obscènes

Et mets de côté toute vanité

Et dis ton pater noster et ton ave

Veille aussi à ne pas faire de bruit

Mais sois toujours dans tes prières

Si tu ne veux pas prier toi-même

Ne gêne aucun autre en aucune manière

En ce lieu ne te tiens ni assis ni debout

Mais agenouille toi bien sur le sol

Et quand je lirai l’Evangile

Lève toi bien droit sans t’appuyer au mur

Et signe-toi si tu sais le faire

Quand on étonne le gloria tibi

Et quand l’évangile est fini

A nouveau tu peux t’agenouiller

Sur tes deux genoux tu tomberas

Pour l’amour de celui qui nous a tous rachetés



Et quand tu entends sonner la cloche

Qui annonce le saint sacrement

Vous devez vous agenouiller tous jeunes et vieux

Et lever vos deux mains au ciel

Pour dire alors dans cette attitude

A voix basse et sans faire de bruit

"Seigneur Jésus sois le bienvenu

En forme de pain comme je te vois

Désormais Jésus par ton saint nom

Protège-moi du péché et de la honte

Accorde-moi l’absolution et la communion

Avant que je m’en aille d’ici

Et sincère repentir de mes péchés

Afin, Seigneur, que je ne meure jamais dans cet état

Et toi qui est né d’une vierge

Ne souffre pas que je sois jamais perdu

Mais quand je m’en irai de ce monde

Accorde-moi la béatitude sans fin

Amen ! Amen ! Ainsi soit-il

A présent douce dame priez pour moi



Voici ce que tu dois dire, ou une chose semblable

Quand tu t’agenouilles devant le sacrement

Si tu cherches ton bien, n’épargne rien

Pour vénérer celui qui a tout crée

Car c’est pour un homme un jour de joie

Qui une fois ce jour-là a pu le voir

C’est une chose si précieuse, en vérité

Que nul ne peut en dire le prix

Mais cette vision fait tant de bien

Comme Saint Augustin le dit très justement

Ce jour où tu vois le corps de Dieu

Tu posséderas ces choses en toute sécurité

A manger et à boire à suffisance

Rien ce jour-là ne te manquera

Les jurons et vaines paroles

Dieu te les pardonnera aussi

La mort subit ce même jour

Tu n’as nullement à la craindre

Et aussi ce jour-là, je te le promets

Tu ne perdras pas la vue



Et chaque pas que tu fais alors

Pour voir cette sainte vision

Sera compté en ta faveur

Quand tu en auras grand besoin

Ce messager qu’est l’ange Gabriel

Les conservera exactement

Après cela je peux passer maintenant

A parler à d’autres bienfaits de la messe

Viens donc à l’église, si tu peux

Et entends la messe chaque jour



Si tu ne peux pas venir à l’église

Où que tu travailles

Quand tu entends sonner la messe

Prie Dieu dans le silence de ton cœur

De te donner part à ce service

Que l’on célèbre dans l’église

Je vous enseignerai de plus

Et à vos compagnons, apprenez ceci

Quand tu te présenteras devant un seigneur

Dans un manoir, un bosquet, ou à table

Capuchon ou bonnet tu dois ôter

Avant d’être près de lui

Deux ou trois fois, sans nul doute

Devant ce seigneur tu dois t’incliner

Tu fléchiras le genou droit

Tu auras ainsi l’honneur sauf.



Ne remets pas ton bonnet ou capuchon

Jusqu’à ce que tu en auras la permission

Tout le temps que tu parleras avec lui

Tiens le menton haut avec franchise et amabilité

Ainsi, comme le livre te l’enseigne

Regardes-le en face avec amabilité

Tes pieds et mains tiens les tranquilles

Sans te gratter ni trébucher, sois habile

Evite aussi de cracher et de te moucher

Attends pour cela d’être seul

Et si tu veux être sage et discret

Tu as grand besoin de bien te contrôler



Lorsque tu entres dans la salle

Parmi les gens bien nés, bons et courtois

Ne présume pas trop de grandeur pour rien

Ni de ta naissance, ni de ton savoir

Ne t’assied pas et ne t’appuie pas

C’est le signe d’une éducation bonne et propre.

Ne te laisse donc pas aller dans ta conduite

En vérité la bonne éducation sauvera ta situation

Père et mère, quels qu’ils soient

Digne est l’enfant qui agit dignement

En salle, en chambre, où que tu ailles



Les bonnes manières font l’homme



Fait attention au rang de ton prochain

Pour leur rendre la révérence qui convient

Evite de les saluer tous à la fois

Sauf si tu les connais

Quand tu es assis à table

Mange avec grâce et bienséance

Veille d’abord que tes mains soient propres

Et que ton couteau soit tranchant et bien aiguisé

Et ne coupe ton pain pour la viande

Qu’autant que tu en mangeras,

Si tu es assis à côté d’un homme de rang supérieur, Au tien



Laisse le se servir d’abord de la viande

Avant d’y toucher toi-même.

Ne pique pas le meilleur morceau

Même s’il te fait grande envie

Garde tes mains nettes et propres

Pour ne pas souiller ta serviette

Ne t’en sers pas pour te moucher

Et ne te cure pas les dents à table

Ne plonge pas trop tes lèvres dans la coupe

Même si tu as grande envie de boire

Cela te ferait larmoyer

Ce qui serait alors discourtois



Veille à ne pas avoir la bouche pleine

Quand tu te mets à boire ou à parler

Si tu vois un homme qui boit

Tout en écoutant tes propos

Interromps aussitôt ton histoire

Qu’il boive du vin ou de la bière

Veille aussi à n’offenser aucun homme

Si bien parti que tu le voies

Et ne médis de personne

Si tu veux sauver ton honneur

Car de tels mots pourraient t’échapper

Qui te mettraient dans une situation gênante.



Retiens ta main dans ton poing

Pour ne pas avoir à dire "si j’avais su

Dans un salon parmi de belles dames

Tiens ta langue et sois tout yeux

Ne ris pas aux grands éclats

Ne chahute pas comme un ribaud

Ne badine qu’avec tes pairs

Et ne répète pas tous ce que tu entends

Ne proclame pas tes propres actions

Par plaisanterie ou par intérêt

Par de beaux discours tu peux réaliser tes désir

Mais tu peux par là aussi te perdre



Quand tu rencontres un homme de valeur

Tu ne dois pas garder bonnet et capuchon

A l’église, au marché, ou au portail

Salue le selon son rang

Si tu marches avec un homme d’un rang

Supérieur au tien

Reste en retrait de lui d’une épaule

Car cela est bonne éducation sans défaut

Lorsqu’il parle, tiens-toi tranquille

Quand il a fini, dis ce que tu veux

Dans tes paroles sois discret

Et à ce que tu dis fais bien attention

Mais n’interrompe pas son histoire

?Qu’il en soit au vin ou à la bière

Que le Christ alors par sa grâce céleste

Vous donne et l’esprit et le temps

Pour bien comprendre et lire ce livre

Afin d’obtenir le ciel en récompense.



Amen ! Amen ! Ainsi soit-il

Disons nous tous par charité